mercredi 8 juillet 2009

M. Vitaly - Lettre pascale

VITALY, ARCHEVÊQUE DE MONTRÉAL ET

DU CANADA

LETTRE PASCALE 1983

 

Christ est ressuscité!

Vraiment Il est ressuscité

 

La Pâque du Christ est le point culminant de l’économie divine, l’accomplissement de toutes les Prophéties, de toutes les Écritures.

 

Les Apôtres du Christ ont prêché la Résurrection du Christ au monde entier et cette prédication leur a soumis le monde païen. Le Seigneur ressuscité a fait surgir de Son Tombeau la totalité de notre foi et de notre culte, selon la parole de l’Apôtre Paul: “Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vaine et vaine aussi est notre foi” (I Cor. 14). Sans la Résurrection du Christ, il n’y a pas de christianisme. Il ne suffit pas de qualifier la Résurrection du Christ de dogme, car elle est le dogme des dogmes. Comme toutes les rivières et tous les fleuves petits et grands se jettent dans l’océan, ainsi tout l’enseignement chrétien aboutit à la Résurrection et y trouve sa perfection.

 

Telle est la signification de Pâques, la fête des fêtes, au coeur de la sainte Église orthodoxe. Il n’est donc pas surprenant que l’ennemi de l’homme, le Malin, cette antique personnification du mal, s’acharne contre la Résurrection du Christ. Comment a-t-il réussi à détourner les coeurs de nos frères chrétiens d’Occident de la Pâque à la Naissance du Christ et à faire de celle-ci le centre de leur vie spirituelle? Comment a-t-il substitué le moyen à la fin? Il est pratiquement impossible de savoir à quel moment a eu lieu ce transfert spirituel de Pâques à Noël à Rome, puis dans toute la chrétienté occidentale. Comment la lune a-t-elle pu prendre la place du soleil, le grand luminaire du ciel? Le déplacement s’est pourtant opéré et la vie spirituelle de l’Occident s’en est trouvé transformée, sa mystique sacramentelle complètement faussée.

 

On ne peut qualifier d’hérésie cette polarisation de la vie spirituelle occidentale vers la Nativité du Christ. L’hérésie est toujours plus concrète, plus évidente, plus précise. II s’agit en fait d’une substitution plus que d’une hérésie et d’autant plus dangereuse qu’elle s’est introduite subversivement et furtivement au cours de l’histoire, détruisant de l’intérieur la vraie vision chrétienne du monde.

 

Si nous considérons toutes les hérésies dans lesquelles les chrétiens d’Occident se sont laissés emporter, le “filioque”, l’infaillibilité papale, l’immaculée conception, le purgatoire, l’absence de vénération de la Mère de Dieu et des saintes icônes, etc., nous pouvons affirmer que le passage de Pâques à Noël en est la conséquence morale; il a cimenté toutes ces faussetés et leur a ouvert la porte du champ d’activité humaine le plus précieux, celui de la vie spirituelle, morale, sacramentelle et orante. Dans tout l’Évangile, on ne peut invoquer à l’appui de cette substitution de Noël à Pâques que le seul passage où l’apôtre Pierre, qui n’avait pas encore reçu l’illumination du Saint Esprit, tente de dissuader le Seigneur de monter à Jérusalem où Il devra “beaucoup souffrir”. C’était le moment où Jésus commençait à révéler à Ses disciples qu’Il devait aller à Jérusalem beaucoup souffrir de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. Pierre le contredit en s’exclamant: “À Dieu ne plaise, Seigneur. Cela ne t’arrivera pas!”. Jésus lui répondit: “Arrière de Moi, Satan! Tu es pour Moi une occasion de chute, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais de l’homme.” (Mt. 16:21-23) L’apôtre Pierre était sans doute animé du sincère désir que le Christ reste sur la terre, mais cela lui valut de sévères reproches.

 

On peut sans trahir le sens des paroles du Seigneur traduire en ces termes la réponse qu’Il à fait à Pierre: Non pas Noël, mais Pâques!

 

Le Malin, ayant imperceptiblement réussi a reléguer au second rang la Pâque du Seigneur, Sa Résurrection, il a Évidemment réussi sans difficulté non seulement à reléguer a l’arrière plan la foi en la résurrection de tous les défunts, mais encore à la réduire à une fable, un genre de mythe. C’est la deuxième étape dans le combat que le Malin livre à l’Église. Perdus dans un tel déraillement spirituel, les gens ont totalement oublié que Dieu à créé l’homme parfait et immortel, que la mort est la conséquence du péché et qu’elle est un châtiment temporel qui ne dure qu’aussi longtemps que l’humanité existe, la mort ne subsiste que dans le temps, puisqu’à la fin de ce monde Dieu ressuscitera tous les morts pour une immortalité de béatitude éternelle ou de tourments éternels; Il ramènera les uns et les autres à leur immortalité originelle, ayant complètement aboli le temps. “Alors l’ange que j’avais vu debout sur la mer et sur la terre leva la main au ciel et jura par Celui Qui vit aux siècles des siècles, Qui a créé le ciel et son contenu, la terre et son contenu, la mer et son contenu, qu’il n’y avait plus de temps.” (Ap. 10:5-6).

 

La tragédie intellectuelle de l’humanité contemporaine est qu’elle à commencé à considérer l’homme condamné, malade et mortel comme un être normal et à tirer de l’étude de ses comportements des systèmes philosophiques, politiques et scientifiques souvent présentés comme absolus et exhaustifs. II y a là une terrible illusion et même plus qu’une illusion; on dirait une déviation de la pensée de portée universelle, presque cosmique. C’est un peu comme si on tirait de prison un criminel déséquilibré, malade, condamné et enchaîné, qu’on l’étudiait comme une personne normale et que l’on déduisait de son comportement et des lois psychologiques qui le régissent des conclusions relatives à l’origine de l’homme et a la forme idéale de vie personnelle, familiale et politique.

 

La Résurrection du “Premier-né d’entre les morts”, le Christ Sauveur, le Dieu-homme, et la résurrection générale de tous les morts permettent seules d’arriver à une compréhension exacte de l’univers, de la terre et de l’humanité. On ne peut rien comprendre en dehors de cette vérité et toutes les études sur l’homme, sa nature et ses actions resteront vides de sens et d’esprit si elles ne tiennent pas compte de la doctrine de la résurrection et de l’immortalité qui constitue l’alpha et l’oméga de tout ce qui existe.

 

Seule l’Église orthodoxe envisage l’homme, comme d’un point de vue divin, dans la totalité de son développement depuis sa création par Dieu jusqu’à sa chute dans le péché, sa mort, sa résurrection et son immortalité, et non du seul point de vue limité de son insignifiant séjour sur la terre dans son état de chute, de condamnation et de péché. À l’opposé, des gens comme Freud, Hegel et tous les matérialistes athées qui voguent dans le sillage de Darwin ne font rien d’autre que jeter un coup d’oeil à l’homme et regarder le monde à travers une fente étroite, a travers le trou minuscule de leur point de vue étriqué.

 

La meilleure preuve de la perversion de tels systèmes, théories et enseignements philosophiques et politiques réside dans leurs terribles conséquences morales. Que de péché et à sa suite combien de calamités et de gémissements, combien de douleur et de sang ont-ils apporté a l’humanité!

 

La Résurrection du Christ est la pierre que les fiers bâtisseurs de ce monde ont rejeté et qui s’est révélée être à leur honte la pierre d’angle de tout l’univers.

 

 

 

L’OBSERVATEUR ORTHODOXE No. 2 – Septembre 1983

ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE À L’ÉTRANGER

Archidiocèse de Montréal et du Canada


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